
Le dos droit; le mât dressé.
Les yeux clos; les hublots fermés.
L’esprit déployé, flottant, comme les voiles d’un navire.
Inspirer, expirer : cap sur Tranqu'Île.
Le mystère de ce voyage vers le calme : c’est en arrêtant de chercher à se rendre ailleurs qu’on arrivera à bon port.
C’est en revenant toujours à l’ancre du souffle, même en pleine tempête, qu’on gagnera la terre ferme de la présence.
À larguer par-dessus bord, idéalement : toute attente.
Prendre conscience de l’inspiration, de l’expiration, de l’inspiration, de l’expiration, de l’inspiration, de l’expiration...
Le bateau s’éloigne des rives de l’ici et maintenant?
On revient au souffle, chaque fois. On se laisse ballotter par ses vagues, dans un état d’abandon et de présence.
Pas très excitant?
Au début, peut-être.
Mais, petit à petit, le voile de l’ennui se déchire : c’est là que les percées de lumière et de magie sont possibles.
La contemplation du souffle devient fascinante. Énergisante. Apaisante.
Émouvante, des fois. Elle nous remémore quelque chose de beau et de fou, de tout simple, de presque niaiseux : on est en vie.
On existe.
On observe le souffle se faire et se défaire, patiemment. Jusqu’à ce que tout se confonde, le début et la fin, jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un flot de vie continuel.
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Parfois, au cours de la traversée, notre bateau semble disparaître. Comme si les vagues du souffle avaient effacé les frontières entre nous et le reste du monde.
Mais ce n’est pas effrayant; c’est libérateur.
Il ne reste plus que l’eau.
L’eau, la vie.
Et ses profondeurs.
C’est à elles, à ces profondeurs oubliées, remplies de trésors et de réponses, que nous ouvre la méditation.
À toutes les nuances qui donnent relief et éclat à l’expérience humaine.
Aux détails qui sculptent
le simple et le grandiose.
Le plongeon en vaut la peine.