
Méditer en pleine conscience, qu’est-ce que c’est? Si on commence à méditer avec une vision déformée de la pratique, on part sur une fausse piste. Nos préconceptions erronées risquent de nous détourner des bienfaits et des leçons de la pratique. Peut-être même qu'on baissera les bras trop tôt, en se disant "Ça ne marche pas, ce n'est pas pour moi!".
Dans cet article, nous allons déconstruire cinq grandes idées reçues sur la méditation pleine conscience.
Si tu viens de commencer à méditer ou que tu souhaites t'y mettre, ta lecture t’éclairera dans tes premiers pas et t’évitera quelques détours.
J’espère que ces recadrages t’aideront à mieux comprendre la pratique et, ainsi, à en faire une expérience plus profonde et fructueuse.
(Dans cet article, le mot « méditation » sera utilisé pour parler de la « méditation pleine conscience ».)
Premier mythe : La méditation est une technique de relaxation.
On confond souvent méditation et relaxation, mais ce sont des pratiques distinctes. Elles favorisent toutes deux le bien-être, mais leurs objectifs sont différents. La relaxation vise la détente par le relâchement musculaire (ex. prendre un bain chaud ou se faire masser), alors que la méditation consiste à observer et à accueillir le moment présent tel qu’il est, sans attente et sans jugement. La méditation est un entraînement au lâcher-prise et à l’acceptation, ça va donc au-delà de la relaxation. Parfois, la détente sera au rendez-vous... d’autres fois non! Ce n’est pas un indice de réussite ou d’échec.
Cela dit, au début d’une séance de méditation, on a tout intérêt à se relaxer un tantinet, si possible. On peut prendre quelques bonnes respirations et se décontracter légèrement. La détente, en nous mettant dans un état d’ouverture, a le pouvoir d’approfondir l’exercice méditatif.
Quoi garder en tête? La détente n’est pas un objectif de la méditation : on l’invite à venir, mais on ne la force pas.
Deuxième mythe : Méditer, c’est faire le vide dans sa tête.
« Faire le vide », c’est une expression qu’on entend beaucoup. On s’imagine que méditer, c’est la solution pour exterminer les pensées, comme de pauvres mouches à fruit. Mais non! Arrêter de penser, c’est i-m-p-o-s-s-i-b-l-e. En fait, plus on s’efforce de faire taire l’esprit, plus on crée de la tension et du bruit. En recherchant le calme à tout prix, c’est le contraire qui se produit : on s’en éloigne.
La méditation, c’est l’art d’observer la réalité du moment, avec recul et sans jugement. Donc, si la tête fourmille de pensées, on n’essaie pas de les chasser : on les observe, à distance. On apprend à les reconnaître pour ce qu’elles sont, de simples pensées, et à s’en détacher petit à petit.
Quand on ne les nourrit pas, les pensées ne prolifèrent pas. Elles traversent notre esprit, tout simplement, comme des oiseaux dans le ciel… Passagères.
D’ailleurs, les pensées ne sont pas problématiques en elles-mêmes. La source du problème, c’est notre relation à elles. Croyons-nous à nos pensées dur comme fer? Nous identifions-nous à elles? Nous battons-nous contre elles, les fuyons-nous ou nous agrippons-nous à elles? Les laissons-nous nous dominer et gouverner notre vie?
La méditation nous aide à savoir ce qui se passe en temps réel dans notre corps, notre cœur et notre tête. Elle est un peu comme un miroir : elle reflète notre état intérieur du moment. Le but n’est donc pas tant de nous calmer, mais surtout de mieux nous connaître. Quelles pensées me préoccupent? Comment je me relie à elles? Quel effet exercent-elles sur moi? Vers quoi me mènent-elles?
Bref, méditer, ce n’est pas faire le vide dans l’esprit. C’est plutôt apprendre à faire la paix avec nos pensées et, tranquillement, à se connecter au silence qui les espace. Avec la pratique, les moments de silence s’allongeront…
Troisième mythe : Il faut méditer des années pour en ressentir les bienfaits.
En fait, on peut remarquer des bienfaits assez rapidement, en l’espace de quelques semaines seulement. Même que parfois, la méditation fait effet presque aussitôt : on s’arrête et, quelques minutes plus tard, on sent déjà le vacarme mental s’atténuer. Le souffle nous recentre et nous apaise. Pas besoin de méditer des heures et des heures pour goûter au calme.
Même une seule minute de méditation peut être très puissante : elle nous sort du pilote automatique et nous permet un pas de recul salutaire. Un pas de recul qui ouvre de nouvelles perspectives.
Mais bon, attention, la méditation n’est pas une solution antistress express qui fait des miracles en deux semaines. C’est une pratique qui s’inscrit dans la durée. Elle demande engagement et patience.
D’ailleurs, la méditation nous invite à lâcher prise sur notre désir de résultats rapides : quand l’esprit est focalisé sur les résultats, il est nécessairement tourné vers l’avenir, et donc, déconnecté du moment présent.
Sauf que, la magie de la pleine conscience, elle s’opère dans le moment présent.
Quand l’attention est entièrement immergée dans ce qui se passe dans l’ici et maintenant. En contact direct avec la réalité de l’instant. Sans attente, sans espérance. Dans cette rencontre avec le moment présent, les résultats ne comptent pas.
Paradoxalement, quand on lâche prise sur l’attente de résultats, on permet à la pratique de porter fruit.
L’un des piliers de la pleine conscience, c’est la patience : laisser les choses se déployer à leur rythme, sans rien forcer ni précipiter.
Faire confiance à la pratique et au temps… il fait bien les choses!
Quatrième mythe : La méditation est une fuite de la réalité.
Au début d’une méditation guidée, quand on entend « Laissez de côté vos préoccupations » la première fois, on peut avoir l’impression que la méditation nous demande d’oublier nos tracas et de se mettre la tête dans le sable. On ferme les yeux, on fait comme si tout allait bien et on attend patiemment que la paix d’esprit se pointe.
En fait, la méditation est tout le contraire : une invitation à regarder la réalité en face, dans le blanc des yeux. Une invitation à s’ouvrir courageusement à la vérité – peut-être dure – de ce qui se passe pour nous.
Quand on dit « Laissez de côté vos préoccupations », ça ne veut pas dire de les nier ou de faire semblant qu’elles n’existent pas. Ça veut dire « Temporairement, le temps de la séance, mettez vos préoccupations à l’écart. Plus tard, vous pourrez y revenir, mais avec un esprit peut-être plus posé et clair. »
La méditation n’est ni une échappatoire à nos problèmes, ni une solution magique pour les résoudre. Elle les met simplement en lumière et nous outille pour y faire face intelligemment, de façon adaptée aux circonstances. Elle développe notre discernement.
Cinquième mythe : La méditation est une pratique complexe, qui n’est pas à la portée de tous.
En fait, bonne nouvelle : la méditation est une pratique très simple, accessible à toute personne qui souhaite s’y mettre, peu importe son bagage d’expériences et de connaissances. Il s’agit juste de se relier à soi et à l’instant présent, le cœur et l’esprit ouverts. On se laisse entrer en contact avec notre expérience, telle qu’elle est, sans la juger ni la contrôler. Simple, pas vrai?
Cela dit, simple ne veut pas dire facile! Nuance. La méditation comporte son lot de (beaux) défis : elle nous invite à sortir du pilote automatique et de nos tendances habituelles. Par exemple, quand on médite, on bascule du mode « Faire » vers le mode « Être ». On n’a aucun objectif à atteindre, rien à réussir ni à maîtriser : notre mission est d’observer le flux de notre expérience, en centrant notre attention sur un ancrage choisi. C’est si simple que ça peut devenir déstabilisant!
D’ailleurs, contrairement à l’image qu’on peut s’en faire, la méditation n’est pas un protocole ultra rigide, à suivre à la lettre : c’est une pratique souple et vivante à expérimenter.
Où commencer? Exactement là où tu es.
Tiens, tu peux méditer dès maintenant : prends trois respirations conscientes, en portant attention à la subtile sensation de l’air, à la hauteur des narines. Je suis en train de le faire moi aussi, à l’instant où j’écris ces lignes. Tu me suis?
Voilà, tu médites! Rien de compliqué. Le vrai défi, c’est de continuer…
D’ailleurs, si tu aimerais être guidé-e dans tes premiers pas en méditation pleine conscience, va jeter un œil à mes services : j’offre un cours d’introduction privé (Rendez-vous Sérénité) et un accompagnement privé. N’hésite pas à m’écrire si tu as des questions!
